L’école devient-elle un grand marché ?

Publié le par CREER

 


Conférence de Christian LAVAL, sociologue et chercheur à Paris Nanterre/CNRS

Avec la participation de Mme Monique SARRAZIN, présidente de l’APAJH (et ancienne Inspectrice de l’Education Nationale dans le Territoire de Belfort)

Jeudi 12 novembre de 18 heures à 20 heures à la MALS à Sochaux

CREER y était ...


L’école devient-elle un grand marché ?

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Il s’agit d’une transformation des institutions pour que les services publics deviennent des fournisseurs de services dans un cadre concurrentiel.

Dans ce système, beaucoup d’acteurs vont développer individuellement des stratégies de concurrence conduisant à des situations collectives mauvaises.

 

150 personnes, un public en majorité de retraités (sans que ce soit péjoratif) mais le jour et l’heure étaient-ils bien choisis pour recueillir une grande affluence ?

 

On peut s’arrêter sur deux points que Christian LAVAL a développé :

La disparition de la carte scolaire, facteur du développement du marché

En France, l’école est une affaire d’Etat et/ou de collectivités publiques et donc une affaire publique.

En France, l’Etat est éducateur mais les dépenses sont dans la moyenne des pays de l’OCDE.

Comme dans beaucoup de pays du monde, le financement public se monte à hauteur de 90 %.

Le 20ème siècle a été celui de la scolarisation et de la massification : en 1960, 11 % d’une classe d’âge accédait au baccalauréat pour environ 70 % aujourd’hui.

On parle aussi de démocratisation de l’enseignement mais ce fut aussi une démocratisation ségrégative par établissement (avec des filières « bourgeoises » et des filières « populaires ») qui est la résultante d’une séparation accrue des groupes ethniques, une diminution de la mixité sociale (sauf en zone rurale).

L’assouplissement et bientôt la suppression de la carte scolaire génère dans les villes des processus cumulatifs et on s’en étonne aujourd’hui !!!!!!!!

C’est la mixité sociale qui engendre plus d’efficacité globale. Un bon exemple est celui de l’Académie de Rennes.

Et pourtant les ¾ des parents plébiscitent la liberté de choix des établissements. Que faut-il faire ?

 

Le marché dans l’école elle-même

Le problème est celui des promesses non tenues : la réduction des inégalités et la persistance, voire le renforcement d’un lien très fort entre origine sociale et résultats scolaires.

 

C’est un marché local ; c’est un marché curieux (le prix ne couvrant pas le coût) et il y a plusieurs strates de marchandisation.

- Le marketing TO school : cela concerne l’équipement des établissements : manuels, équipements lourds, ordinateurs : toute une économie existe et se développe encore, notamment par le biais de la mise en place des ENT (Environnement Numérique de Travail) dans les établissements secondaires.

- Le marketing IN school : ce sont par exemple les chaînes de restauration implantées dans les établissements

- Le marketing OF school : le premier terrain de ce type de marketing est l’enseignement supérieur pour lequel il existe un véritable marché mondial ; on vend de l’enseignement ; les entreprises universitaires sont en concurrence et par exemple, des multinationales universitaires australiennes vont s’implanter en Asie.

La tendance au développement du financement privé de l’enseignement supérieur est mondiale ; sur 18 pays, en 10 ans, la part du financement public est passé de 78 % à 72 % ; c’est très important en valeur relative.

Le second terrain est celui du soutien scolaire : on assiste au développement d’industries de services (on va jusqu’à des formules telles que « Bachelier ou remboursé ») ; on peut payer en chèques emplois services qui ouvrent droit à des déductions fiscales. L’aide publique à ces entreprises se montait en 2006 à 240 millions d’€, c'est-à-dire deux fois et demi le budget alloué au soutien scolaire public !!!

 

La loi CARLE qui favorise le consumérisme scolaire et les 400 millions d’€ pour les écoles privées, la prime à l’assiduité des élèves, la proposition cet été de transfert des EVS et AVSI aux associations et même aux entreprises, des élèves de primaire qui doivent faire plus avec moins d’heures de classe, l’accueil des enfants handicapés dans des conditions parfois rocambolesques : qui pourra dire que l’on n’assiste à l’amorce appuyée du démantèlement du service public d’éducation nationale ???

 

Un temps trop court pour des questions ; on remarque la volonté et les délicatesses de plusieurs intervenants pour ne vilipender personne, ne pas jeter l’anathème sur un groupe en particulier (parents, enseignants, élus locaux) mais plutôt pour insister sur le caractère forcément collectif de la réponse à apporter à ce massacre à la serpette de l’enseignement public.


Certes. Mais, en même temps, il ne faudra pas encore longtemps se regarder chacun dans le blanc des yeux et déplorer.

L’action collective est aussi une somme d’investissements et de prises de positions individuels.

Cessons un peu de feindre l’avoir oublié.


                                                                                                                                                                           LD

 

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